Garder l’espoir, malgré tout. Encore plus quand c’est difficile.
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
Cette phrase, librement inspirée d’une citation de Winston Churchill, s’adapte bien à la situation actuelle.
Le covid, ses confinements, ses vaccins et son CST ont rythmé nos vies pendant deux ans. Et hop, en une fraction de seconde, cette réalité chute dans nos préoccupations quotidiennes. On ne mesure pas encore les conséquences de cette pandémie sur les soins de santé, sur le personnel soignant, le bien-être de la population, la scolarité. On sait qu’elles seront nombreuses, mais quelle place aujourd’hui pour ces inquiétudes légitimes ?
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
Les inondations meurtrières de cet été, les élans de solidarité incroyables, les conséquences catastrophiques pour les habitant·es qui tentent encore péniblement de reconstruire et de se re-construire. Tout cela nous n’en parlons plus. Nous n’y pensons plus.
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
Le rapport du GIEC sorti le lundi 28 février, qui en a entendu parler ? 3,3 milliards d’êtres humains exposés au changement climatique. Ce nouveau rapport intègre davantage les dimensions économiques et sociales du changement climatique et évoque clairement la justice sociale comme un axe majeur face aux dangers qui nous guettent. Pendant quelques jours en janvier, le climat a refait la Une grâce au film Don’t look Up. Mais c’était plus un interlude qu’une prise de conscience majeure et sociétale. Mais ça va, TotalEnergies et ses autres amis soutiennent l’énergie verte. On est sauvés.
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
Le 8 mars, journée internationale des Droits des femmes. Quelle place trouvera-t-elle dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans nos conversations ? La moitié de la journée, pour de nombreuses militantes et féministes, sera consacrée à réexpliquer que c’est la journée internationale des Droits des femmes. Non la journée de la femme ! Qu’offrir des fleurs aux femmes ce jour-là est l’inverse du sens de cette journée, tout comme des publicités vantant tel ou tel produit (rose, si possible) qui viendrait faciliter la vie des femmes.
Cette journée, moment important encore aujourd’hui, pour mettre en avant les droits des femmes (et les non-droits) et les conséquences d’une société où les femmes ne bénéficient toujours pas des mêmes droits et des mêmes opportunités que les hommes sera occultée par l’actualité du moment.
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
La guerre en Ukraine. Le 24 février, nous nous sommes réveillés en découvrant les images de la Russie bombardant et envahissant l’Ukraine. Qu’on ait cru ou non que Poutine allait se lancer dans cette invasion, le choc est grand. Il en rappelle d’autres. Ah oui, vous êtes sûr·e ? Parce qu’on dirait que certain·es découvrent que la Russie, comme toute autre puissance impérialiste, est capable de ce genre de choses. Elle l’a fait en Tchétchénie, en Géorgie. Puis elle soutient sans vergogne Assad dans la guerre en Syrie.
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
La guerre en Ukraine réveille les élans de générosité des Belges (et des Européens de manière générale). La Pologne découvre ou redécouvre qu’on peut ouvrir ses frontières et laisser passer les populations meurtries. Les miracles sont possibles.
Enfin, seulement si on est blancs. Parce que si vous avez le malheur d’être un·e étudiant·e noir·e, votre place dans un train pour quitter l’Ukraine vous sera retirée, votre traversée de la frontière polonaise sera interdite ou entravée très fortement.
Puis vous arriverez en Belgique, en France ou ailleurs, vous prendrez un train. Votre ami·e ukrainien·ne ne paiera pas son voyage parce qu’on veut faciliter ses déplacements, mais pas le vôtre. Ben non, vous n’êtes pas le ou la bon·ne réfugié·e. Comme dirait Philippe Corbé, le chef du service politique de BFMTV « On ne parle pas là de Syriens qui fuient les bombardements du régime syrien soutenu par Vladimir Poutine. On parle d’Européens, qui partent dans leurs voitures qui ressemblent à nos voitures (…) et qui essayent juste de sauver leur vie ».
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
La plupart d’entre nous ne connaissent pas l’Ukraine, ses coutumes, son histoire, sa culture… Pourtant, on veut bien qu’ils viennent en Belgique alors qu’on ferme notre porte à double tour quand il faut accueillir le reste de la misère du monde. Sammy Madhi, le secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, qui ne voulait pas aider une poignée de sans-papier qui vivent en Belgique depuis des années ou qui accepte de laisser de nombreux demandeurs d’asile crever de froid devant les portes closes des centres d’accueil surchargés, semble n’avoir aucun problème aujourd’hui à faire appel à la générosité belge pour accueillir toute la population ukrainienne qui en aura besoin.
Mais tout ça, bien sûr, n’a rien à voir avec la couleur de peau ou les religions.
La vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
Après avoir regardé toutes ces images, on a envie de couper la télé ou l’ordinateur, de rester chez soi. Pour se protéger d’un monde extérieur qui part en vrille.
C’est un luxe que les 7 femmes tuées en Belgique depuis le 1er janvier 2022 par leur compagnon actuel ou ancien ne peuvent pas se permettre. Leur maison est exactement là où règne le danger. Parce qu’on ne fait pas assez pour elles. Parce qu’on ne prend pas assez la mesure d’une responsabilité sociétale dans ces drames bien trop fréquents.
Allez, tenons le coup, la vie, c’est aller de catastrophe en catastrophe sans perdre espoir.
Parce que l’espoir, c’est ce qui nous donne la force de nous lever chaque matin. Où qu’on le trouve. Dans le sourire d’un enfant, dans le printemps qui revient, dans un repas partagé en famille, dans l’aide apportée à quelqu’un qui en a plus besoin que nous, dans un engagement citoyen ou professionnel inspirant…
Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be
Image par Valentin Saint-Jean de Pixabay.
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