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EDITO – Célébrer nos contradictions: l’art d’espérer en 2025.

Ombre et Lumière - Edito #43

L’année 2024 s’est éteinte doucement, laissant derrière elle une empreinte contrastée, mêlée de douleurs, de défaites, d’abîmes profondes et de résilience. Comme une mer agitée, elle a charrié des tempêtes, qu’elles soient climatiques ou humaines, des catastrophes qui ont marqué nos vies communes, rappelant la fragilité de notre monde. Pourtant, au creux des vagues, des éclats de lumière ont dansé: des instants de joie, des solidarités inattendues, des désertions salutaires et des renaissances discrètes mais précieuses.

Sur le plan personnel, chacun a vu son cœur battre au rythme de ses propres tempêtes et accalmies, oscillant entre pertes et découvertes, peines et émerveillements. Si l’année écoulée a été parfois rude, elle n’a pas été sans espoir, cet espoir têtu qui persiste, même au milieu des décombres.

 

Alors que 2025 frappe à nos portes, une page nouvelle s’offre à nous, forgée dans les fantômes du passé et les soubresauts d’un espoir toujours présent. Qu’allons-nous écrire sur cette feuille blanche?

 

Ballottés par les flots capricieux de la vie, nous voguons entre l’ivresse de nos félicités et le poids de nos tourments. Les deux vivent en nous et autour de nous, dans les matins froids de l’hiver et dans les nuits chaudes de l’été. Ils partagent les journées de chacun de nos proches et les nuits de celles et ceux que nous ne connaissons pas. Leur poids est une brise qui nous guide et un feu qui nous consume.

Nous pleurons sur nos désillusions et rougissons sous une caresse. Nous combattons les injustices et célébrons les victoires. Nous sommes reconnaissants de nos chances et de nos privilèges: une famille, des amis, une bonne santé, un toit sur notre tête, à manger dans le frigo, des enfants épanouis, des perspectives d’avenir, une vie en sécurité, le droit d’être soi… Nous nous lamentons face à l’adversité et aux inégalités. Nous nous révoltons quand d’autres persistent dans leurs aveuglements. Nous tempêtons encore, toujours et de manière absolue pour celles et ceux qui se réveillent sous les bombes, mourant de faim, de froid, de l’ignominie des puissants. Nous sommes gênés et honteux de nous plaindre face aux douleurs des autres et nous savons qu’il ne peut y avoir de hiérarchie dans les peines qui submergent comme il n’y a pas de bonheur suprême surclassant tous les autres.

 

Tous ces sentiments vivent en nous, suscitent nos hontes et nos joies, nos colères et nos espoirs. Nos contradictions sont notre vulnérabilité et notre humanité. Elles sont complexes, nous tourmentent, nous mobilisent et nous font traverser les chemins de la souffrance et de l’espérance. Des horreurs de Gaza à la chute d’un dictateur sanguinaire à Damas. De l’élection d’hurluberlus dangereux en Argentine et aux Etats-Unis à la première femme présidente du Mexique. Du décès d’opposant·es dans des geôles en Russie, en Iran… à la force d’une femme victime se tenant droite face à ces bourreaux dans un tribunal d’Avignon. Des guerres invisibles du Congo, du Yémen, du Soudan aux manifestations monstres en Corée Du Sud ou au Bangladesh pour empêcher des décisions arbitraires.

Nos contradictions sont à l’image du monde, nombreuses, insupportables, parfois le fruit du hasard et d’autres le résultat des horreurs que les êtres humains infligent parfois en toute impunité. Être conscient de sa chance n’empêche ni de s’en réjouir ni de se mobiliser pour qu’elle profite à d’autres, c’est même une nécessité pour toutes celles et ceux qui font de leur humanité leur richesse.

 

Pour 2025, nous vous souhaitons de vivre de ces contradictions, de sublimer des sentiments qui s’opposent, d’accepter en toute humilité vos chances et de partager vos peines, de monter aux barricades quand l’injustice, les inégalités frappent ici ou ailleurs et de savourer vos moments de tendresse et de bonheur.

 

Parfois on regarde les choses
Telles qu’elles sont
En se demandant pourquoi
Parfois, on les regarde
Telles qu’elles pourraient être
En se disant pourquoi pas
Vanessa Paradis, extrait de « Il y a ».

 

Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be

©Brian Cook, Unsplash

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