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Médor – Magazine belge, spéléologue, enthousiasmant, libre, inclusif et digne.*

Médor magazine

Médor est un magazine trimestriel d’investigation et de récits créé en 2015 sous forme de coopérative. Disponible via un abonnement ou en librairie, 6000 exemplaires sont vendus par numéro et la coopérative a 1700 coopérateurs. Mais quel est le concept et en quoi sont-ils d’économie sociale? Entretien avec un de nos membres, en la personne de Laurence Jennard.

 

Le projet émane de journalistes qui souhaitaient faire du journalisme comme il devrait être: en prenant le temps, en se détachant de l’actualité chaude, en investiguant, en croisant les sources. Il importait de créer un cadre propice à leur vision du journalisme et la coopérative permet cette approche en garantissant une indépendance et une liberté sur la manière de fonctionner. Une dizaine de personnes travaille régulièrement pour Médor dont deux ETP. Laurence Jennard que nous avons interrogée est l’un des salariées permanentes.

 

Laurence Jennard.

Laurence Jennard

Laurence est la coordinatrice de Médor. Elle est une des salariées permanentes de la coopérative depuis 2016. Urbaniste de formation, elle a travaillé d’abord dans ce secteur en réalisant des études d’incidence notamment. Puis, elle a mixé projets urbanistique et culturel notamment en travaillant pour Recyclart. Elle y occupe des fonctions de coordination. Elle a suivi le lancement de Médor et, un an après la création officielle, elle a postulé à ce job.

 

Qu’entends-tu par liberté?

Nous souhaitions mettre en place une organisation interne beaucoup moins hiérarchique, de pouvoir travailler en intelligence collective et d’avoir une rémunération correcte qui n’oblige pas à devoir accepter n’importe quoi afin de faire notre travail de manière sérieuse.

 

Faire le choix du modèle coopératif et de l’économie sociale, c’est faire le choix de la participation. Ce choix se reflète de différentes manières au sein de Médor et notamment dans un journalisme participatif. Peux-tu nous en parler ? 

Notre première enquête participative concernait l’alcool et sa consommation. Nous avons demandé des témoignages, des expressions sur la consommation d’alcool, pour aller au-delà du micro-trottoir. Une sociologue a fait une analyse des plus de 1500 témoignages reçus. Nous avons recommencé plusieurs fois. Par exemple, pour le moment, nous récoltons des témoignages sur les violences dans les mouvements de jeunesse.

A partir de cette logique de participation, nous avons rencontré d’autres acteurs européens qui sont dans les mêmes logiques d’enquête participative avec une vision d’un journalisme qui évolue. Depuis 2019, Médor propose une offre éditoriale élargie qui s’appuie notamment sur une plateforme web rendant sa relation aux lectrices et lecteurs plus participative. Nous allons aussi à la rencontre du terrain et des personnes là où elles sont notamment en installant des Pop-Up dans différentes villes pour échanger avec nos lecteurs et lectrices. C’était le cas à Liège récemment en nous installant à Barricade (et de sa librairie).

 

Médor vient de recevoir le label « Diversité », peux-tu nous expliquer de quoi il s’agit ?

La réflexion est partie d’une enquête française sur le profil des journalistes. La chercheuse relevait qu’ils et elles sont majoritairement blancs, diplômés, issus de milieux privilégiés. Ce sont les mêmes personnes qui servent de référence dans les articles… Nous nous sommes rendu compte que Médor était confronté à la même réalité et nous avons eu envie de faire quelque chose. Nous avons décidé de nous faire accompagner pendant deux ans grâce au Plan diversité mis en place par Actiris. Un consultant nous a aidés et nous avons mis en place plusieurs choses pour faire évoluer Médor et mieux intégré la diversité dans notre travail. Par exemple, nous avons lancé une bourse annuelle. Elle permet à des personnes qui ne sont pas dans notre profil « classique » de nous proposer un article et d’être rémunéré pour ce travail. Un jury sélectionne l’article le plus intéressant et il est publié dans le magazine. Cette année, ce sont deux personnes qui ne sont pas journalistes qui ont remporté la bourse et nous avons fait un travail d’accompagnement pour aider. On travaille aussi avec des écoles…

Après deux ans, nous avons officiellement le label « diversité » mais nous avons aussi eu l’occasion de participer à un forum pour rencontrer d’autres personnes et nous sommes « ambassadeurs » du label pour parler de notre accompagnement à d’autres. Comme on l’a fait auprès des entreprises accompagnées par Coopcity.

 

Quelle est l’actualité de Médor ?

L’inflation a des conséquences sur Médor. Le modèle coopératif est celui qui convient mais des ajustements sont possibles pour réduire les coûts et pour affiner notre communication. Nous avons réalisé une évaluation de l’impact social avec SAW-B. Nous avons cherché à voir l’impact que nous avons sur notre lectorat. Nous voyons que notre approche du journalisme ne provoque pas nécessairement une volonté plus forte d’engagement sur d’autres causes. Notre véritable impact est de redonner confiance dans un média, nos lecteurs sont certains d’avoir une information fiable, de qualité. Et ceci repose également sur notre modèle économique, notre indépendance. Nous avons aussi pris conscience que nos abonnés, nos lecteurs, viennent d’abord vers nous dans une logique d’adhésion : adhésion à un modèle économique, à une vision du journalisme, de la rémunération juste… Le produit « magazine » est un moyen, non une fin.

 

Un mot pour terminer ?

Abonnez-vous pour soutenir un journalisme participatif !

 

Joanne Clotuche
P.S. : après cette discussion avec Laurence, je me suis abonnée. Et vous ? Prêt·e à soutenir un média participatif et coopératif ?

 

*Pourquoi ce titre ? Ils vous livrent leurs tripes ici. (Nous, on aurait dit ADN mais il ne faut pas oublier que c’est un magazine qui a du chien 😉)

Savez-vous que Médor offre aussi des espaces de pub à prix plus doux pour l’économie sociale? N’hésitez pas à demander plus d’info via pub@medor.coop.

PS: Si vous êtes déjà lecteur ou lectrice, guettez les petites annonces, on s’est amusé à en mettre une dans leur prochain numéro, en juin. Parviendrez-vous à la retrouver ?

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