EDITO – Réagir et agir: nous ne fermerons pas les yeux! Nous ne nous tairons pas!

Edito#46 Réagir et agir

L’injustice, l’impunité et les privilèges peuvent sauter aux yeux. Face à l’arbitraire, aux inégalités, à la mise en danger de la démocratie, il est essentiel de se lever et de défendre nos valeurs, ensemble.

 

Quand un jeune homme est reconnu coupable de viol mais qu’il échappe à une peine parce qu’il présente bien et qu’il a une carrière « prometteuse » devant lui comme gynécologue au service de la santé reproductive et sexuelle des femmes.

Quand une personnalité politique de premier plan, condamnée à de la prison ferme et à une peine d’inéligibilité, reçoit le soutien d’une classe politique quasi unanime dans sa dénonciation d’une justice politisée, d’une démocratie mise en danger.

Quand le Premier ministre d’un pays, sous le coup d’un mandat d’arrêt pour crime de guerre et crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale, peut se rendre en visite en Hongrie sans que le mandat soit appliqué et que le Premier ministre belge dit que ce dirigeant ne serait pas arrêté s’il venait en Belgique, au nom de la realpolitik.

Quand des victimes sont insultées, trainées dans la boue, accusées d’hystérie par un avocat sans scrupule lors du procès d’un acteur de cinéma français.

Quand des milliers et des milliers de bébés, d’enfants, de femmes, d’hommes, anonymes, secouristes, journalistes sont assassinés ou sommés de quitter leur maison, leur territoire devant l’humanité tout entière et sans réaction politique forte des gouvernements occidentaux.

Quand on propose des amnisties fiscales à des fraudeurs pratiquant l’évasion fiscale comme un art.

Quand des personnes au chômage, émargeant au CPAS ou simplement en situation de pauvreté sont considérées comme les uniques responsables de leur situation.

Quand des entreprises peuvent exploiter et polluer sans en subir les conséquences et qu’elles font usage d’un lobbying exacerbé pour limiter au maximum toutes législations restrictives en matière de droits sociaux et environnementaux.

Quand des partis politiques peuvent dépenser des centaines de milliers d’euros d’argent public pour faire de la pub sur les réseaux sociaux.

Quand un Etat ne tient pas compte des décisions de justice contre lui et qu’il continue à ne pas respecter les injonctions à respecter des droits humains fondamentaux et des engagements pris.

 

Quand. Quand. Quand…

 

Ces situations énumérées sont incomparables. Prises isolément, elles suscitent une ou plusieurs émotions et méritent des réponses distinctes. Mais l’accumulation et la succession de ces réalités dit aussi quelque chose. La sidération, la colère, la tristesse peuvent nous submerger face à tant d’arbitraire, mais ces sentiments ne peuvent nous empêcher de nous engager, de nous mobiliser. Nous nous sommes levés hier pour dénoncer. Aujourd’hui, nous sommes là pour continuer à construire une société basée sur l’égalité, l’équité et la diversité. Demain, nous reprendrons le chemin de prises de position fortes.

La démocratie est un bien précieux que nous devons défendre chaque jour. Chaque coup de boutoir qu’elle reçoit fait réagir l’un ou l’une d’entre nous, prêt·e à rejoindre les rangs de celles et ceux qui n’abandonneront jamais le combat pour des valeurs de solidarité.

 

Face au « deux poids, deux mesures », nous répondons par un seul standard, celui de l’impartialité et du refus de l’arbitraire.

Face à la mise en danger de la séparation des pouvoirs, nous rappelons cette citation de Montesquieu: « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir« .

Face aux attaques contre les médias ou bien à l’appropriation des médias par quelques fortunes, nous soutenons une presse indépendante et libre, une presse (citoyenne) soutenue par l’Etat, libérée de la publicité et de la course à l’audimat.

Face aux menaces sur la liberté associative et au chantage aux subsides, nous renforçons notre expression et notre implication citoyenne, démocratique et politique.

Face à l’individualisme exacerbé, à la création de boucs-émissaire et à la stigmatisation, nous créons des espaces collectifs et des solidarités chaudes pour remettre du lien.

 

Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be

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