Aller au contenu

Interview – L’épicerie Sociale de Quaregnon, une ligne de conduite alignée à nos objectifs.

Epicerie sociale de Quaregnon

L’épicerie sociale de Quaregnon a fêté ses 20 ans ! Première épicerie sociale créée en Belgique, elle fonctionne aujourd’hui avec une coordinatrice et 3 travailleurs.es en insertion professionnelle sous article 60. Interview de Steve Stoffel, directeur du service ISP du CPAS de Quaregnon.

 

Ce sont les bénéficiaires qui gèrent l’épicerie sous la supervision de la coordinatrice avec toutes les tâches que cela implique: gestion des stocks, achalandage, gestion de caisse, apprentissage des outils informatiques. L’épicerie répond chaque année au besoin de première nécessité d’environ 250 familles en leur fournissant principalement nourriture, produits d’hygiène et quelques équipements pour la maison à prix coûtant.

 

Se poser la question de la réponse que nous apportons aux besoins de la population.

«Sur environ 500 dossiers de revenus d’intégration au CPAS, nous touchons 50% des personnes bénéficiaires avec notre magasin. La question a toujours été celle-là: qu’est-ce qui fait que les gens viennent et qu’est-ce qui fait que les gens ne viennent pas? Répondons-nous toujours au besoin de la population après autant d’années?»

Pour travailler sur le freins et améliorations possibles à un projet, il faut pouvoir les identifier.

«Nous avons fait appel au service d’évaluation d’impact social de SAW-B pour nous aider. Sans le soutien de SAW-B, nous n’aurions pas pu faire ce travail, nous n’avions pas les ressources en interne pour le faire. Et même aujourd’hui en connaissant le processus, je me dis que l’intervention d’un tiers extérieur neutre est une plus-value.»

 

Evaluer son impact, un processus mobilisateur.

Steve Stoffel m’explique le processus qui a été mis en place pendant environ 1 an pour réaliser cette évaluation.

«Nous avons réalisé cette évaluation avec les différentes parties prenantes (bénéficiaires, travailleurs sociaux, staff, direction) pour travailler sur notre chaîne de valeurs, sur ce qui était important pour nous de mettre en avant dans l’épicerie. Nous avons aussi construit ensemble les questions que nous voulions adresser à nos bénéficiaires. Finalement tout est lié à la dignité humaine.»

Au-delà d’un processus, l’implication des parties prenantes dans le panel a permis d’apporter une vision plus large et d’élargir le questionnement sur l’impact du projet.

«Avoir également Yannick impliqué dans le projet, un ancien bénéficiaire de l’épicerie qui connaît le terrain, nous a permis d’inclure des questions auxquelles nous n’avions pas pensé.  Son implication dans la récolte des réponses auprès des bénéficiaires de l’épicerie a aussi permis de créer un climat de confiance. Avec ce processus, nous avons pu récolter et analyser 58 questionnaires de bénéficiaires de l’épicerie. Nous avons également questionné 32 non-utilisateurs du magasin via nos travailleurs sociaux. Un résultat plutôt positif.»

 

Poser des choix conscients sur les changements que l’on veut apporter.

Une fois les questionnaires récoltés, analysés, la question qui se pose est qu’en faisons-nous ?

«Les résultats ne nous ont pas surpris, l’analyse a confirmé les freins que nous avions déjà en tête. Ceux qui ne viennent pas le font pour des raisons tout à fait valables (manque d’information sur l’existence de l’épicerie, horaires limités, choix de ne pas faire appel à l’épicerie). Le fait qu’ils ne viennent pas n’est en soi pas négatif, cela nous a rassuré par rapport au fait que nous répondions bien aux besoins de la population qui y fait appel. Nous avons un impact positif sur la situation financière des ménages, sur ce qui tourne autour du mieux manger, sur les relations sociales épanouissantes, sur l’autonomie des personnes et sur le respect de la dignité humaine!

L’épicerie s’est posé la question des adaptations possibles à la suite de cette analyse en mesurant le pour et le contre de ces changements car chaque évolution peut aussi impacter l’organisation du projet. Deux améliorations sont en cours de réflexion: pouvoir clairement mieux informer les bénéficiaires de l’existence de l’épicerie sociale via les travailleurs.ses sociaux et réfléchir à l’organisation pratique pour limiter le temps d’attente dans le magasin.»

 

Et pour la suite?

Je demande à Steve Stoffel quelle suite ils envisagent et ce qu’il souhaite partager à d’autres chef.fe.s d’entreprises d’économie sociale. Il me répond avec un grand sourire: «Pour la suite, notre objectif est de maintenir la qualité de ce que nous proposons en espérant, dans 20 ans, toujours répondre aux besoins de la population. Et ce que j’ai envie de partager c’est que, quels que soient les résultats, cela permet d’avoir une vision claire de ce qu’on fait et de voir si on est toujours aligné aux objectifs que l’on s’est fixés.»

Partagez :