Wallonie Entreprendre – Accélérateur d’économie locale.

Le 25 avril dernier marquait deux événements significatifs en Wallonie: les 500 jours de Wallonie Entreprendre et le début des travaux du HUB logistique circuit-court à Charleroi. Cette journée témoigne de l’engagement croissant en faveur de l’économie sociale et des circuits courts en Wallonie. Rencontre avec Jean-Pierre Di Bartolomeo et Fabienne Mathot de Wallonie Entreprendre.
Le 25 avril, Wallonie Entreprendre fêtait ses 500 jours ! Le même jour, à Charleroi, on posait la première pierre du HUB logistique circuit-court de Charleroi.
Le Hub est une volonté du gouvernement wallon, par l’intermédiaire de Wallonie entreprendre, de renforcer l’alimentation saine à travers l’économie sociale et les circuits courts sur le territoire wallon (un autre hub est en construction à Liège). Il s’agit en fait d’un énorme lieu de 2.400 m² pour stocker, transformer et distribuer les productions agricoles, de maraichage, de l’élevage… C’est l’intercommunale IGRETEC qui a reçu la mission de construire et de louer le HUB Logistique. La Ceinture alimentaire (CACM), elle, a reçu la mission de sonder les producteurs du territoire pour évaluer les productions disponibles, de sonder le marché du territoire et enfin d’animer une communauté d’opérateurs issus de l’économie sociale. Notre collègue Xavier en parlait dans une interview sur le site de SAW-B en juillet 2023.
Et si ces deux raisons ne suffisaient pas, Wallonie Entreprendre (WE) accompagne les Agences-conseil en économie sociale pour mettre en place un référentiel d’accompagnement dans le cadre d’un nouveau décret wallon pour les « Agences-conseil » voté fin d’année 2023.
Rencontre avec Jean-Pierre Di Bartolomeo, membre du Comité de direction de WE, et Fabienne Mathot, responsable des circuits-courts Alimentaires et de l’économie sociale au sein de la Business unit « Accompagnement » de WE.
Qu’est-ce que Wallonie entreprendre ?
WE est une volonté politique de rationaliser les outils publics. Trois organes ont fusionné pour former WE.
- La SRIW : société régionale d’investissement wallon
- La Sogepa : société wallonne de gestion et de participation
- La Sowalfin : société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises
WE a trois métiers : la sensibilisation, l’accompagnement et le financement des entreprises. Chacune de ces missions bénéficient d’actions dédiées.
Pour le financement, soit on nous amène des projets soit on intervient directement dans le capital. Les formes de financement peuvent varier avec des financements dédiés, de types prêts subordonnés ou garanties ou des prises de capital comme avec W.Alter….
En matière de sensibilisation, notre mission consiste notamment dans la transmission du goût d’entreprendre auprès des jeunes, notamment dans l’économie sociale via, par exemple, le cadre de « Générations entreprenantes ». Depuis cette année, nous avons développé un programme pilote avec W.Alter[1], sur mission de la ministre wallonne de l’économie sociale, pour inculquer les germes de l’ES pour ceux et celle qui entreprennent ou veulent entreprendre.
Une troisième mission : l’accompagnement !
En matière d’accompagnement, nous pilotons des opérateurs spécialisés, nous nous organisons sur des thématiques ou encore sur le cycle de vie de l’entreprise. Par exemple nous travaillons sur l’innovation, les entreprises de moins de 3 ans ou de plus de 3 ans, l’éco-transition avec la coordination d’un réseau de référents bas-carbone. Nous avons également une cellule dédiée au circuit court et économie sociale.
Il y a deux ans, nous avons coconstruit avec les opérateurs de notre écosystème un référentiel d’accompagnement structurant l’offre de conseil dédiée aux entrepreneurs wallons. Le cabinet de la Ministre de l’économie sociale nous a demandé d’accompagner les agences-conseil pour les faire entrer dans cette dynamique. L’objectif est de rendre l’offre de service plus visible et lisible de manière à ce que tout le monde s’aligne sur un même référentiel. La porte d’entrée de chaque accompagnement commence par un diagnostic à 360° avec une analyse, un plan d’action et des recommandations afin de créer son entreprise ou de développer sa filière. C’est la pierre angulaire de l’accompagnement.
En amont du diagnostic, il peut y avoir des contacts par l’intermédiaire, des actions de sensibilisation ou de l’information.
Nous pouvons, sur base de ce référentiel, mobiliser de l’expertise, avec parfois des spécificités au sein des agences-conseil sur la gouvernance, les coopératives, les asbl….
Nous voulons garantir ainsi un processus qualité pour que toutes les entreprises sociales, quelles que soit la porte d’entrée, aient la même offre. Cela permet de la qualité, de la lisibilité,…
Wallonie entreprendre est partenaire du HUB logistique circuit court, comment ça se passe ?
Le gouvernement wallon a mis en place un plan stratégique Alternativ’ES, en sélectionnant cinq secteurs. Parmi ceux-ci, il y a les métiers créatifs via les comptoirs des ressources créatives et les circuits-courts alimentaires, que nous appuyons grâce notamment au centre de référence circuits-courts chargé de l’accompagnement des acteurs en circuit-court.
Nous avons voulu objectiver comment soutenir les circuits-courts qui ont vécu un essor important au moment du covid mais qui a été suivi d’une crise inflationniste avec une hausse des coûts et une diminution du nombre de consommateurs. Nous avons réalisé une étude où nous observons que de nombreux acteurs de la filière sont en difficulté.
Il y a 1075 entreprises actives en circuit-court comme producteurs, dans la transformation ou la distribution. Un grand nombre d’entre eux, 60% selon l’étude, sont en défaillance ou en risque de défaillance. C’est un secteur fragilisé composé de 96% de TPE et dont la moitié sont constitués en personne physique. Quand on est seul, c’est plus difficile de grandir.
Pour stabiliser, les hubs logistiques sont une réponse. Ils permettent de garantir un marché plus stable grâce à des plannings pour les récoltes et par rapport à des commandes qui vont arriver. Nous garantissons des marchés et des gros volumes. On peut agir sur la demande et sur le type de produits mais il faut s’assurer que les producteurs peuvent répondre. Nous voulons structurer l’offre alimentaire pour arriver à répondre avec la meilleure qualité possible.
Par exemple, si une école demande cinquante pommes, il faut garantir qu’elle aura cinquante pommes (et pas 47), qu’elles aient le même calibre…
La CACM a pour rôle de structurer la filière, de prospecter, de discuter avec les acheteurs potentiels et de monter une offre structurée où on gagne en logistique. Mais au sein des hubs, il y a des acteurs économiques pour proposer la logistique, la transformation en chaud et légumerie (transformer les légumes et les fruits pour les cuisines de collectivité qui ne sont pas équipées et n’ont pas les ressources pour nettoyer et préparer les légumes). Il faut donc découper et nettoyer les légumes et il n’existe aucun acteur de ce type actuellement en Wallonie.
Il faut donc des acteurs économiques, qui vont donner de l’emploi principalement à des personnes moins qualifiées.
Les hubs sont un modèle vertueux parce qu’on donne des capacités aux producteurs, on amène cette professionnalisation en donnant de l’emploi et en développant de nouvelles niches. C’est un projet fédérateur en économie sociale qui vise le long terme. Pour Liège et Charleroi, cela représente 17 millions d’euro.
Nous avons géré l’étude juridique et économique pour affiner le modèle. WE s’occupe de la gouvernance du projet entre les différents acteurs pour qu’il y ait de la cohérence. Pour Charleroi, c’est Igretec, SAW-B, la CACM, Charleroi métropole, Food C et le Collectif 5C pour aider les membres. Ce sont des acteurs qui ne se connaissaient pas avant. C’est un projet d’ampleur.
WE a reçu comme mission de stabiliser les ceintures alimentaires, de voir comment les accompagner sur deux ans afin de démontrer leur intérêt sur le territoire en combinant les acteurs économiques, les acteurs publics, les consommateurs et les producteurs. Nous sommes chargés de les financer et de les coordonner à termes pour s’assurer un financement plus pérenne.
Quand on touche à l’alimentation, on touche à l’éducation et au changement des comportements. Alors, comment les acteurs publics peuvent intervenir pour garantir les produits sains dans les assiettes les enfants?
Parce que l’économie sociale, ce sont des entreprises structurantes lorsqu’elles ont un impact sur le territoire. Elles font d’ailleurs mieux que les autres acteurs du secteur de l’alimentation.
Si on veut soutenir le secteur, il faut qu’il change d’échelle et, pour ça, il lui faut des outils. L’ambition est forte : aller vers des gros volumes pour des collectivités. En massifiant, nous voulons avoir plus d’impact sur l’assiette.
Les hubs sont des projets qui vont favoriser le modèle de l’économie sociale en favorisant l’emploi local, avec un profit réinjecté dans le service et en tenant compte de l’impact sur environnement : une agriculture durable et soutenable, des déplacements restreints, des investissements répondant aux enjeux environnementaux (énergies alternatives, économie circulaire, matéraux recyclés…).
On a doté l’économie sociale de moyens d’action dans le secteur des circuits-courts.
Mais WE n’est pas seul pour assumer ces missions ?
Non, nous ne sommes pas seuls. Notre rôle est de sensibiliser, d’accompagner en nous appuyant aussi sur des opérateurs de proximité. Il y a tout un écosystème pour aider les porteurs de projets. Nous sommes là pour orienter vers le bon interlocuteur. Un exemple est l’incubateur IES!, porté par W.Alter, qui va être inauguré bientôt et sera un spot pour tous les projets en économie sociale, une porte d’entrée, un référent. Notre filiale W.Alter vient également compléter l’offre avec des solutions de financement dédiées aux entreprises d’économie sociale. WE ne fait pas tout et peut compter sur de nombreux acteurs.
[1] Le partenaire financier des projets d’économie sociale et les coopératives en Wallonie
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