EDITO – Élections: un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout!
Le 9 juin paraît déjà si loin. En Wallonie, les négociations ont été si rapides et tellement différentes de ce qui était prévu. Pendant ce temps, au niveau fédéral, les choses traînent: ça hésite en Flandre et c’est complètement figé à Bruxelles. Mais il est difficile d’y voir clair quand, en parallèle, de nouvelles élections pointent à l’horizon. Certains ne s’y trompent pas et ont prolongé leur campagne sans laisser un souffle de récupération.
Comment Bruxelles, la Wallonie ou la Belgique devraient-elles évoluer dans 5, 10 ou 20 ans ? C’est la question essentielle que se posent de nombreux citoyens et acteurs et actrices collectifs, bien au-delà des parlements et des gouvernements. L’économie sociale et solidaire existe depuis plusieurs siècles, elle occupe un rôle essentiel dans la société. En plein essor, elle bénéficie d’une reconnaissance internationale et elle est un pan important de la stratégie européenne qui enjoint les pays à fixer des feuilles de route pour favoriser son développement. L’ESS ne s’y trompe pas et veut aller plus loin. Il y a quelques semaines SAW-B et Concertes ont organisé une journée de travail pour réfléchir à cette feuille de route, aux actions à mettre en place pour renforcer sa place dans la sphère économique et sociale. Une partie de ces actions relève d’ailleurs clairement des acteurs et actrices de l’ESS. Mais pas seulement.
Si on veut plus, si on veut mieux pour l’ESS, cela se fera aussi avec les politiques. En construisant, avec eux, une stratégie pour et par l’économie sociale. Cela demande du temps et des moyens, bien sûr, mais cela demande surtout une volonté commune de co-construire. Et tout cela doit se faire en poursuivant le travail entamé depuis longtemps parce que les entreprises d’économie sociale ne peuvent se mettre sur pause, en attendant.
Nous croyons au rôle de l’ESS dans la société belge et encore plus face à la montée des extrémismes, face aux défis sociaux et environnementaux, mais aussi face au rejet, de plus en plus prégnant, de la politique. Ce dernier se traduit par une forte abstention aux élections, ce qui est loin d’être une première. Pour les élections régionales en Wallonie, l’abstention et les votes blancs ou nuls représentaient (si les chiffres sont exacts) plus de 535 000 bulletins, soit 20 % des votes. En comparant avec les résultats par parti, ce chiffre fait le deuxième score, entre le MR et le PS. Si on prend en considération ces votes, la majorité wallonne actuelle obtient un score de moins de 40 %, précisément 39,82 %. Ce résultat incite à l’humilité de chacune et de chacun, où qu’il soit, dans un parlement ou dans la rue, dans une association ou dans une entreprise parce qu’il dit quelque chose de notre société.
Quoi? C’est à nous de le comprendre ensemble, mais surtout de le faire évoluer en ne laissant personne de côté, en respectant les points de vue minoritaires, les personnes qui votent pour les gagnants ou perdants du scrutin, les personnes qui parlent fort et celles qui se taisent, celles et ceux qui y croient ou n’y croient plus. Non pas en réenchantant la politique de manière abstraite, mais en faisant société, concrètement, en construisant ensemble et en accordant une place pour chacun·e.
Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be
© Photo de Robert Ruggiero sur Unsplash
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