40 ans de SAW-B – un horizon pour l’économie sociale qui commence ici et maintenant
Extrait du discours prononcé à l’occasion des 40 ans de SAW-B – le 31 mai 2022 à Monceau-Fontaines. L’intégralité du discours est disponible ici.
Solidarité des Alternatives Wallonnes et Bruxelloises a 40 ans aujourd’hui.
Cette association est héritière d’une longue tradition. Depuis des siècles, des hommes et des femmes s’associent pour construire des projets communs, pour s’entraider, se protéger, se renforcer, se défendre, lutter ensemble.
Une utopie qui se construit sort de l’imaginaire, de la théorie pour prendre corps et vie. Elle est donc fondamentalement imparfaite, humaine, perfectible. Elle suscite critique, questionnement, envie, inspiration.
Economie sociale.
Qui, un jour, s’est dit : nous allons associer ces deux mots ?
Du haut de notre 21ème siècle, cette association de deux termes souvent opposés parait presque incongrue tant ces mots sont opposés dans notre langage, dans nos conversations.
Rendre l’économie plus sociale.
Donner au social des clés pour intervenir sur l’économique.
Faire de la population l’actrice de l’économie.
Empêcher le social de se diluer dans l’économie.
Le programme est alléchant, mais il est corsé.
Max Delespesse fonde, avec 15 autres camarades, en 1981, Solidarité des Alternatives Wallonnes, première fédération pluraliste d’économie sociale. Ce que Max a créé, cet héritage, représente toujours quelque chose. Il a insufflé un esprit qui accompagne chacun des membres de notre fédération, chaque membre de l’équipe passée ou présente. Par un jeu avec les mots, avec nos mots, on pourrait dire qu’il n’y a pas d’alternative à la solidarité.
40 ans plus tard, SAW-B est toujours là. Active. Nécessaire. Ancrée dans le présent. Soutenante, interpellante et innovante. Mais nous regardons devant nous et les perspectives ne sont pas follement réjouissantes. Admettons-le!
La situation est possiblement catastrophique, mais elle n’est pas désespérée. Nous ne misons pas sur un effondrement. Nous croyons que des transitions sont possibles, même si le terme est mis à toutes les sauces.
L’économie sociale, comme elle l’a prouvé ces dernières années et ces derniers mois, est un acteur essentiel de la solution.
Si nous sommes insatisfaits, profondément inquiets et que la situation a dépassé depuis longtemps le stade d’une joyeuse préoccupation, nous savons que des changements sont possibles.
Nous avons besoin d’ouvrir les yeux sur la réalité, de regarder les choses avec pragmatisme. Sortir d’une forme de léthargie qui fait du modèle économique actuel le seul prisme de lecture. Le peindre en vert, le remplir de technologies nouvelles, ne résout pas les problèmes.
Nous avons besoin de nouveaux récits émancipateurs. Nous avons besoin de construire un nouvel imaginaire. Oui, on peut affronter la tempête qui s’annonce et s’y préparer.
Nous avons besoin d’oser. Les crises se résoudront parce que des hommes et des femmes sont prêts à prendre des décisions difficiles, à se demander: de quoi avons-nous besoin concrètement ?
Nous avons besoin de questionner nos certitudes et de remettre en cause ce qui va de soi. Nous avons besoin de sortir des dogmes économiques mortifères pour les populations et la planète. Il faut relocaliser notre économie et permettre aux autres économies, notamment du SUD, de se concentrer et de répondre prioritairement à leurs besoins.
Nous avons besoin de faire des choix et de les assumer jusqu’au bout. Oui, il y aura des conséquences et ces conséquences vont être difficiles, mais elles le seront toujours moins que si nous attendons de nous prendre le mur de face.
Nous avons besoin, chacune et chacun d’entre nous, ici, maintenant, de nous engager concrètement, ardemment et profondément pour changer les choses.
Nos enfants, petits-enfants, nos neveux, nièces, tous ces jeunes qui nous entourent nous regardent. Elles et ils sont prêts à faire des sacrifices, à renoncer à des promesses de lendemain qui chantent et ils attendent que nous les rejoignons.
Oui, mais construire quoi?
Nous n’avons pas une réponse toute faite à cette question.
Mais on sait que l’économie sociale fait partie de la réponse.
Pas l’économie sociale telle qu’on la connait aujourd’hui, à la périphérie du système, instrument sympathique, futur utopiste. Non, une économie sociale centrale.
Regardez vos enfants, petits-enfants ou les enfants qui jouent dans la rue. Regardez-les attentivement et demandez-vous si vous en faites assez pour eux pour assurer le meilleur avenir possible.
Regardez-vous dans le miroir et demandez-vous: de quoi avons-nous absolument besoin pour vivre? Est-ce dans une de ces choses que je mets toute mon énergie?
Regardez les travailleurs et travailleuses qui vous entourent, discutez avec eux, demandez-leur ce dont ils et elles ont besoin pour vivre décemment?
Après avoir fait ça, si vous pensez, comme nous, que vous pouvez faire plus, que vous pouvez faire mieux, que vous pouvez faire ensemble en vous associant, que l’avenir se joue ici et maintenant, appelez-nous, contactez-nous et réunissons-nous.
Ce sera difficile. Ce sera perturbant. Ce sera tendu. Mais avons-nous vraiment le choix?
Nous le savons, nous ne pouvons plus attendre, pas même 5, 10 ou a fortiori 20 ans?
Le choix d’une économie sociale, c’est ici et maintenant.
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