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Grève syndicale & Manifestation climatique – deux combats que tout devrait unir.

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Les syndicats FGTB et CSC ont appelé à une grève générale ce 9 novembre[1]. Les revendications portent sur l’augmentation des salaires (révision de la loi sur la norme salariale qui empêche les négociations à la hausse, augmentation immédiate des salaires) et du pouvoir d’achat (blocage des prix de l’énergie, maintien de l’indexation automatique des salaires).

Quinze jours avant cette grève générale, une manifestation pour le climat était organisée à Bruxelles pour réclamer une action bien plus forte et conséquente pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique.

Pourquoi ces deux actions ne sont-elles pas rassemblées en une seule? En attendant une telle alliance, il est probable que la majorité des personnes qui ont fait grève le 9 novembre ne sont pas celles qui ont manifesté le 23 octobre.

 

Pourtant, les appels à associer luttes sociales et environnementales sont fréquents. «Transition juste», dit-on de plus en plus.

 

Ce que nous voyons aujourd’hui c’est que, s’il y a transition, elle n’est ni verte ni juste. Oui, nous pouvons considérer que nous sommes face à une transition. Les prix de l’énergie (électricité, gaz, pétrole, mais aussi le bois) sont affolants. Notre dépendance énergétique à ces produits et à des puissances belliqueuses nous entraîne dans un chaos social face à des prix qu’une grande part des citoyen·nes ne peuvent légitimement assumer. Il nous entraîne également dans un chaos environnemental dont les conséquences se font et se feront ressentir pendant des dizaines d’années et bien plus encore. Que ce soient les centrales au gaz, le retour en grâce du charbon pour des pays qui s’en détachaient, la croyance au Saint Graal du nucléaire avec une mauvaise foi terrible où on nous fait croire qu’il va nous permettre de maintenir notre consommation à son niveau actuel tout en oubliant que le CO² n’est que le sommet de l’iceberg des dérèglements climatiques.

Les deux derniers étés (et que dire de ce mois d’octobre) que nous venons de vivre ont montré un aperçu de ce qui nous attend dans les prochaines années. Inondations, sécheresse, chaleurs extrêmes ont amené des conséquences parfois funestes pour les populations, l’agriculture, les animaux, la faune et la flore.

Les annonces de cinq à dix hivers difficiles nous demandant de nous lancer dans une transition obligatoire, improvisée, injuste montre à quel point les réponses politiques, économiques, technologiques, sociales ne sont pas à la hauteur des enjeux actuels. Quelques centaines d’euros qui vont combler les comptes épargnes des plus privilégiés pendant que d’autres vont juste crever de froid et/ou de faim cette hiver. Les PME, petits artisans et nombre d’entreprises d’économie sociale ne sont en capacité de faire face à ces hausses des coûts.

 

Ces deux événements montrent combien luttes sociales et environnementales sont des alliées et à quel point, au-delà des discours, peu de choses sont réellement faites pour conjuguer ces deux combats.

 

Par exemple, nous avons besoin de plus de pédagogie pour expliquer les effets de certaines mesures qui, si elles sont en apparence bonnes pour le portefeuille, sont en fait mauvaises ou dangereuses d’un point de vue social et environnemental. Ce discours, pour être efficace, doit être porté par les mouvements sociaux et environnementaux. On peut citer l’exemple de la baisse de la TVA sur l’énergie qui est une mesure injuste socialement et mauvaise pour l’environnement.

Nous avons aussi besoin d’autres discours sur le pouvoir d’achat et les actions environnementales.

  1. A l’heure où la crise environnementale atteint des proportions inégalées et où nous savons que réduire la consommation, n’en déplaise à certains, est une nécessité absolue, ce mot d’ordre semble très déconnecté des besoins sociétaux.
  2. Aujourd’hui, le luxe, c’est de pouvoir acheter et dépenser moins. Celles et ceux qui ont le plus de moyens sont souvent ceux qui ont un jardin où ils cultivent leurs légumes, des maisons bien isolées, des panneaux solaires, des chauffages basse consommation… Ce sont aussi eux qui peuvent télétravailler, avoir une voiture hybride, s’offrir des produits de meilleure qualité qui durent plus longtemps… Il faut maintenant gagner de l’argent pour se protéger des conséquences de la crise environnementale. Et ce n’est qu’un début.

 

Faire grève ou pas est une question collective mais aussi individuelle. Mais cette grève est aussi une occasion de dire: qu’est-ce qu’on attend pour faire les choses autrement?

 

Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be

 

 

 

[1] La CGSLB appelle à une journée d’action, mais pas à une grève générale. Selon le syndicat, les travailleurs n’ont pas les moyens de perdre une journée de salaire dans le contexte actuel.

©cdd20 – Unsplash

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