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Cabas – La coopérative de la transition alimentaire.

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Cabas est une coopérative d’artisans et de producteurs alimentaires qui prépare une transition alimentaire nécessaire. SAW-B a beaucoup contribué à la construction de ce projet, et le suit encore de près aujourd’hui à travers Mathilde Leboeuf qui travaille à mi-temps pour Cabas et à mi-temps pour SAW-B. Nous avons donc été à sa rencontre pour revenir sur la naissance de Cabas, ses difficultés, et ses perspectives actuelles.

 

Mathilde, comment est né Cabas, et quel a été le rôle de SAW-B dans cette naissance?

Cabas est né au sein de l’agence-conseil de SAW-B où on accompagne beaucoup d’artisans, de producteurs, de petites épiceries, etc. C’est parti d’abord d’un sentiment en interne, que pour tous ceux que nous croisions, leurs plus grands défis étaient la coordination et la logistique. Par exemple dans les épiceries, s’approvisionner en local est un vrai challenge. Il faut rencontrer tous les producteurs, gérer les nombreuses livraisons, énormément de bons de livraison… Cela est intenable pour des petites épiceries qui ont peu de personnel.

Alors, nous nous sommes demandé comment aider ces acteurs et nous avons exploré différentes voies. On a imaginé une coopérative pour rassembler l’offre et s’adresser aux épiceries. L’idée de créer un atelier de transformation nous a aussi effleurée.

Finalement, on a opté pour leur plus grand besoin : le développement des ventes et de la logistique.

Pendant tout le processus, SAW-B et Cabas ont travaillé main dans la main, et il y a un soutien qui continue jusqu’à aujourd’hui, avec des compétences de SAW-B qui sont mises au service de Cabas régulièrement. Et, dans l’autre sens, les expériences de terrain de Cabas nourrissent aussi SAW-B.

 

Nous n’avons donc pas dû aller très loin pour rencontrer Mathilde. Mais d’abord qui est-elle?

Mathilde a passé 8 années dans une entreprise internationale où elle a pu acquérir de solides compétences en développement de business plan, de suivi d’activités, de gestion de projet et de mise en place de process. Elle a ensuite rejoint SAW-B pour travailler sur l’accompagnement des entreprises sociales, le montage et la gestion de projet d’entrepreneuriat social. Elle coordonne Cabas, coopérative de producteurs en circuits courts depuis 2020.

 

Quel est le plus par rapport à un grossiste qui ne serait pas d’économie sociale ?

On est une coopérative d’artisans. Après un an, les producteurs prennent une part dans la coopérative et peuvent participer aux décisions. Ils sont aussi consultés pour les nouveaux produits et les nouveaux artisans qui souhaitent rejoindre la coopérative afin d’avoir des partenaires et non des concurrents. On veut des filières qui soient justes et que l’ensemble des maillons puissent se rémunérer le mieux possible. À l’inverse, un grossiste « traditionnel » va essayer de réduire les marges des autres pour augmenter ses propres marges. Nous, nous ne sommes pas dans cette optique-là. Au contraire, il y a des secteurs où nous réduisons notre marge pour en laisser plus aux producteurs, ou pour rendre un produit plus accessible au consommateur.

Aussi, on fait vivre l’esprit coopératif. On organise des rencontres entre les artisans, on cherche à animer une communauté, chose rare chez des grossistes. En fait, Cabas est un des acteurs de la filière, au service des autres, et on veut que ça soit équilibré entre tous. On joue le rôle de liant.

Mais on sait que si on nous regarde froidement de l’extérieur, nous sommes comme un grossiste : un e-shop, les clients ont un compte pour se connecter et commander et, nous, on réunit et prépare les commandes. Notre différence se marque dans le lien que nous tissons entre les artisans et aussi dans celui qu’on crée avec les clients. On leur parle de projets, d’artisans… ce n’est pas juste des chiffres. Ce qui ne nous empêche pas d’être irréprochables au niveau du service.

 

Qui est Cabas aujourd’hui ? Comment ça fonctionne ?

On travaille avec une quarantaine de producteurs. Il y a d’un côté des produits de base : fromage, viande, farine, des produits fermiers qui viennent majoritairement de Wallonie. Et puis des produits plus transformés : pâtes à tartiner, pâtes de fruits, produits à haute valeur ajoutée qui viennent, eux, majoritairement de Bruxelles. On privilégie toujours la Belgique quand c’est possible mais, pour les agrumes et l’huile, on se fournit dans des coopératives à l’étranger – en Grèce par exemple – en choisissant des coopératives locales que nous rencontrons.

Une partie de notre approvisionnement est acheminée par le Réseau Paysan en Province du Luxembourg. Ça vient d’un besoin commun: ils veulent développer leurs ventes et, nous, on a besoin de leurs produits.Tous ces produits arrivent dans notre Hub logistique à Bruxelles, où on prépare les commandes pour les livrer ensuite en camionnette ou à vélo selon les volumes.

Ensuite, nous avons deux types canaux de distribution : les épiceries de quartier et les indépendants, et aussi directement les consommateurs que nous livrons via le réseau des Gasap. On ne travaille pas avec des chaînes et la grande distribution.

On fait de la prospection active dans les épiceries de quartier, car la concurrence est rude. On se différencie par le type de produits qu’on propose car les valeurs seules ne suffisent pas.

 

Et comment ça se passe la coopération ?

Ce qui est important dans la collaboration c’est d’avoir un socle commun de valeurs et, surtout, que le fait de travailler ensemble permette de répondre à des problématiques communes. Il faut qu’il y ait un besoin des deux côtés pour que ça fonctionne. Comme avec les Gasap par exemple. Eux, ils ont des producteurs de viande, fromage, etc. qui ont du mal à livrer leur réseau parce que les quantités commandées sont trop petites et, nous, on souhaite avoir des liens avec des collectifs de citoyens et recueillir l’avis des mangeurs.

Sinon le plus grand obstacle de la coopération c’est la répartition des marges. On a les mêmes valeurs, mais il faut pouvoir se rémunérer dans un secteur où les marges sont très petites… Or la collaboration prend du temps et a aussi un coût.

 

Quelles sont les perspectives d’avenir pour Cabas ?

On est en train de travailler sur la problématique des marges, poser un cadre de l’intercoopération pour justement éviter les problèmes. On continue aussi de développer la partie commerciale pour avoir plus de débouchés, faire plus de ventes et soutenir plus de producteurs. Notre ambition serait de pouvoir vendre des légumes, ce qu’on ne fait pas pour l’instant.

 

Un mot de la fin ?

L’alimentation est un sujet politique. On est tous mangeurs, et on doit tous se réapproprier les filières alimentaires. On a perdu le pouvoir sur notre alimentation, et donc soutenir des projets comme Cabas ou les 5C, c’est se réapproprier notre alimentation. Les circuits-courts, c’est aussi soutenir un business local qui construit un tissu économique et social. Et on l’a vu, en temps de crise, c’est ce système qui est résilient, c’est de ça dont on a besoin !

 

Marian De Foy.

 

Comment soutenir Cabas ?

Commandez sur l’eshop : https://eshop.cabas.coop/cabas.
La carte vers les dépôts de Cabas à Bruxelles se trouve ici : https://cabas.coop/nous-trouver/

Si vous souhaitez prendre des parts dans la coopérative, vous pouvez contacter directement Cabas sur l’adresse : info@cabas.coop

 

 

 

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