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Que signifie réussir? Un édito qui distille des fleurs.

Edito #26

« Et si on prenait enfin l’économie sociale et solidaire au sérieux?! », c’est le titre de la chronique économique de Maxime Paquay, journaliste à L’Echo, sur La première le 21 avril 2023. Il dresse un portrait de l’ESS clairvoyant, sans angélisme, mais sans condescendance non plus. Ça change des chroniques d’Amid Faljaoui sur Classic 21 qui donnent souvent des boutons à des auditeurs et auditrices, lasses de ses propos qu’on peut gentiment qualifier d’orientés.

La chronique de Maxime Paquay est fort pertinente, même si nous avons quelques points de désaccords. Et c’est en discutant avec le journaliste qu’est venue l’idée de cet édito. La question a émergé quand nous avons abordé le sujet du changement d’échelle: que signifie réussir?

 

Réussir a des significations bien différentes. Notamment selon que la question soit posée sous un prisme individuel ou pour une entreprise. La société renvoie bien quelques images de ce que devrait être LA réussite personnelle, mais cette vision est soumise à des considérations sociales, culturelles, économiques qui peuvent valoriser un comportement et le dénigrer en même temps. Pour certains, le summum de la réussite personnelle sera d’être rentier, et donc de ne pas travailler, preuve qu’on a accumulé assez d’argent. Dans le même temps, l’absence de travail sera le summum de l’in-réussite dans le chef des personnes sans emploi …

Réussir, c’est le contraire d’échouer. L’échec a rarement bonne presse en Belgique. Bien sûr, on nous sort régulièrement la citation de Mandela («Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends») ou on nous parle d’Abraham Lincoln, de sa persévérance, de ses deux entreprises en faillite, de ses huit élections ratées avant son accession à la présidence américaine qu’il a marquée de son empreinte. On nous parlera de Steve Jobs, viré de son entreprise, avant d’y revenir et de transformer Apple en une des entreprises les plus puissantes. L’échec ne semble intéressant à évoquer que lorsqu’il est suivi d’une réussite écrasante.

 

Si nous réunissions 50 personnes dans une pièce et qu’on leur demande: qu’est-ce que réussir pour un individu? Nous aurons 50 réponses différentes. Certains nous parleront d’amour, de couples, d’autres évoqueront le travail, d’autres encore parleront d’épanouissement, d’émancipation. Mais si on pose la question: c’est quoi une entreprise qui réussit? Les choses sont bien différentes et nous aurons très probablement un fort consensus autour des réponses : une entreprise qui fait du bénéfice, qui a du personnel, qui s’exporte, qui est connue…

Avec ces critères de réussite, il sera souvent compliqué pour une entreprise d’économie sociale, pour celles et ceux qui y travaillent et pour la société dans son ensemble de voir la réussite de l’ESS, de nous prendre au sérieux.

Pour faire évoluer le regard sur l’économie sociale et solidaire, nous devons faire évoluer le regard sur la réussite parce que, tous les jours, nous voyons combien les entreprises de l’ESS réussissent.

Elles génèrent du mieux-être, elles contribuent à la construction d’un monde plus juste et plus respectueux de l’environnement, elles innovent, offrent un toit, un travail, un accueil. Elles apportent un autre regard sur le monde, elles émancipent et co-construisent, elles rassemblent et créent un sentiment d’appartenance.

 

Tous les jours, vous qui nous lisez, vous contribuez au succès de l’économie sociale, vous faites bouger les lignes pour construire une nouvelle définition de ce qu’est réussir ! Soyez fièr·e·s de ce que vous faites !

Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be

©carrie-beth-williams – unsplash.

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