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Plaidoyer Elections 2024 – La quadrature de l’assiette!

Edito_pains_plaidoyer

Le 1er juillet, SAW-B a organisé sa première escapade de l’été[1]. Hugues, notre collègue et organisateur, nous a donné rendez-vous à «L’arbre qui pousse», un tiers-lieu[2] qui abrite la boulangerie «Le clan pains». Au menu de notre matinée: faire du pain au levain et le déguster.

 

En ce premier jour de juillet, la pluie nous accompagne. Nous arrivons sur un bel espace sur les bords d’Ottignies, un coin de campagne là où on ne l’attend pas. La grisaille ne gâche pas la découverte de ces grandes bâtisses blanches. Elles prennent vie autour d’un carré ouvert sur les différents espaces : une école par ci, un lieu pour se restaurer, des cultures ailleurs, un préau où trône le grand four à pain, des vélos pour petits et grands se prélassent en attendant d’être enfourchés… L’espace invite à la rencontre et nous croisons plusieurs habitants. Même la pluie n’atteint pas ce sentiment d’un îlot d’échanges et de vie fourmillante et apaisée.

 

Nous commençons par façonner les pâtes, confectionnées la veille par nos hôtes, afin de découvrir un aspect bien particulier du travail du pain. Alors que nous scrutons la levée, Hugues en profite pour inviter nos cerveaux à l’exploration boulangère. Le pain a une place dans nos vies, toute une histoire s’est construite autour de ce mets qui représente un plaisir mais aussi une des bases de l’alimentation dans de nombreux pays. Une plongée dans le passé, proche ou lointain, mais aussi dans la géographie, la géopolitique, la sociologie, l’agronomie…

 

Parler du pain, c’est évoquer un imaginaire. Chacun de nous peut se remémorer un souvenir autour du pain. Le cuisiner, le déguster, le griller, le faire tremper. Les odeurs, les goûts, les aspects… La famille, les amis, un déjeuner partagé le dimanche matin, une tartine à la va-vite le temps de midi dans un réfectoire bruyant d’une école, un plateau recouvert de pains et de viennoiseries apportés auprès d’un père et/ou d’une mère pour un jour spécial, un boulanger déjà au travail en rentrant au lever du jour après une guindaille…

 

Le pain fait partie de nos vies, mais savons-nous vraiment ce qu’il en coûte ? Nous avons tellement l’habitude de le manger que nous nous interrogeons rarement sur la structure du prix du pain. On peut d’ailleurs poser la même question pour tout ce que l’on mange. Quand on mange, ce n’est d’ailleurs pas qu’une denrée qu’on consomme, c’est un univers qu’on mobilise, ce sont des habitudes familiales, une culture nationale, des réalités quotidiennes. Qu’on déguste son pain, qu’on dîne dans un trois étoiles ou qu’on enfile un Mcdo.

 

Si on cherche à bien se nourrir, cela a un coût.

Manger des produits:
1. de qualité et variés,
2. respectueux de l’environnement
3. et qui apportent des revenus décents aux producteurs
4. tout en restant accessibles pour toutes et tous.

Voilà bien une équation qui fait travailler les méninges de nombreuses personnes. La combinaison de ces quatre éléments est rare. Souvent, l’un ou l’autre aspect est négligé ou tout simplement abandonné dès le départ.

 

Entre 4 et 5 euros, c’est le montant par jour pour les repas d’un détenu. De 3,75 (dans les homes de chez Orpea, avant le scandale) à 6 ou 7€, c’est le prix approximatif de quatre repas dans une maison de repos. Avec des montants pareils, comment offrir une alimentation de qualité avec son apport en calories mais aussi des fruits, des légumes… Le prix est plus accessible, mais c’est le seul élément des quatre évoqués ci-dessus qui est respecté.

 

Comment faire pour améliorer la situation?

Pour SAW-B, nous avons une proposition: subventionner en partie et de manière structurelle les repas distribués dans les collectivités[3]. Le coût sera élevé, bien sûr, mais c’est un véritable investissement aux effets bénéfiques en cascade. Il serait d’ailleurs intéressant d’avoir une étude de ce que ça coûterait et des effets bénéfiques.

 

Intervenir financièrement sur les repas, en prenant en charge une partie du prix de l’assiette, c’est

  • offrir des repas de meilleur goût et donner envie de manger
  • offrir des repas sains, bons pour le corps, qui améliorent la santé (une vraie mesure de prévention) et augmenter le nombre de personnes qui peuvent en manger
  • assurer un revenu décent aux producteurs ce qui améliore leur vie et favorise le développement de l’agriculture d’ici
  • investir dans une agriculture respectueuse de l’environnement et des limites de la planète ce dont toute la population bénéficiera.

 

Pour nous, cette proposition est celle qui a le plus de chance de résoudre l’équation : bonne pour les mangeurs, bonne pour les producteurs, bonne pour l’environnement.

 

Convaincu·es par notre démonstration?

 

Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be

[1] C’est l’occasion de vous conseiller les deux dernières escapades en août.

[2] Le tiers-lieu est défini au départ par le sociologue Ray Oldenburg à la fin des années 80, de manière simplifiée, comme un lieu où les personnes se plaisent à sortir et se regrouper de manière informelle, situé hors du domicile (first-place) et de l’entreprise (second-place). Ce sont des lieux du faire ensemble : des leviers d’innovation grâce aux espaces partagés qu’ils offrent, des lieux de rencontres et de partage qui encouragent aux collaborations et aux projets collectifs. https://francetierslieux.fr/quest-ce-quun-tiers-lieu/

[3] Une intervention de 0,5 si produits locaux et 0,7 en produits locaux et bios est déjà un pas.

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