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Plaidoyer Elections 2024 – Un travail + du sens = une sacrée équation.

Edito sens au travail
  • On va jouer à un jeu !
  • Ouvrez votre main.
  • Baissez un doigt si vous êtes allé-es au cinéma cet été.
  • Baissez un doigt si un des films étaient Oppenheimer.
  • Baissez un doigt si vous avez discuté du film Oppenheimer avec au moins deux personnes au cours de l’été.
  • Baissez un doigt si vous vous êtes posé-e la question de ce que vous auriez fait si on vous avait proposé de contribuer à la construction de la bombe atomique.
  • Baissez un doigt si Oppenheimer vous a fait réfléchir à votre job ou au sens au/du travail.

 

Si, comme moi, vous avez abaissé tous vos doigts, bienvenue dans le club des personnes qui se prennent la tête un peu trop. C’est vrai aussi pour celles et ceux qui ont vu ce film, que nous ne sommes pas aidés par le climat de tension que Christopher Nolan, réalisateur de ce long-métrage, parvient à inscrire dans nos esprits en grande partie grâce à une musique prenante de Ludwig Göransson.

 

C’est dans ces moments où je chéris la chance de pouvoir travailler au sein de SAW-B. J’ai l’opportunité d’accomplir un travail en accord avec mes valeurs et qui, j’en suis persuadée, contribue à construire un monde qui prend en compte les enjeux sociaux, environnementaux, culturels et économiques qui sont face à nous. D’autant que je peux profiter d’échanges intenses et fructueux avec mes collègues pour continuer à questionner le sens de ce que nous faisons.

Cette chance est d’autant plus grande parce que nous sommes conscients du privilège que nous avons.

Privilège de pouvoir être en accord avec nos convictions, privilège de pouvoir en discuter et de pouvoir challenger nos métiers pour faire mieux et plus.

 

Avoir un travail en accord avec nos valeurs, nos convictions, avec notre vision du monde tel qu’il devrait être est un luxe, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’on trouve du sens dans son travail. Pour y parvenir, il faut également que le cadre professionnel reconnaisse les personnes dans leur globalité, au-delà du sens de leur métier, au-delà du professionnel qu’ils ou elles sont. L’exemple le plus frappant que nous ayons vu ces dernières années concerne le personnel soignant. Combien d’entre eux ont quitté les couloirs des hôpitaux, épuisés par la charge, mais aussi désespérés de ce qu’on leur fait faire, en manquant totalement de considération pour leurs compétences, pour leur dévouement.

 

Questionner le sens au/du travail, c’est interroger le rôle de nos métiers dans la société d’aujourd’hui et de demain et la place du travail dans nos vies. Mais c’est aussi demander qui nous sommes au milieu du travail et comment qui nous sommes est reconnu dans notre emploi.

Rien d’étonnant à partir de là, à ce que les bifurcations, les reconversions, mais aussi les burn out augmentent. Ce débat du sens n’est pas un débat de chambre et de couloir, un débat de club de nantis, c’est un débat qu’il faut pouvoir mettre sur la place publique. Ce n’est pas pour rien que nombre d’entreprises cherchent, de manière sincère ou non, à mettre en avant leurs engagements sociaux et environnementaux pour attirer des travailleurs. Nous défendons d’ailleurs le droit à la démission, conditionné à un projet de reconversion professionnelle, avec accès au chômage comme d’autres pays le proposent (en France notamment depuis 2019). Ce droit permet également de se lancer dans des études pour des métiers classés en pénurie.

 

Voir et reconnaître l’humain derrière le ou la travailleuse, derrière l’étudiant-e, derrière le ou la chômeuse, derrière l’allocataire social, derrière le ou la malade, c’est une revendication forte qui transcende les âges, les genres, les origines. Nous ne pouvons faire fi de cela, quel que soit le secteur où l’on est. C’est pourquoi aussi il est si essentiel de soutenir et de renforcer l’accompagnement social des stagiaires en insertion, mais aussi des travailleur·euse·s plus fragilisé·e·s. L’insertion professionnelle ne peut se penser que dans ce cadre tant le travail n’est plus le seul moyen de s’insérer dans la société et se vit différemment[1].

 

Avoir un job qui est utile individuellement et collectivement et qui contribue à l’épanouissement personnel ! Une belle équation à traiter.

 

Joanne Clotuche – j.clotuche[@]saw-b.be

  • [1] Lisez d’ailleurs l’interview de Louise Nikolic pour en savoir plus.
  • Cette idée de « Donner du sens au travail » nous tient tellement à coeur que nous en avons fait une formation pour toutes celles et tous ceux qui s’interrogent sur la manière dont le travail influence nos vies et qui aspirent à retrouver un sens, individuel et collectif, au travail. Plus d’infos.

©Adrien Olichon pour Burst.

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